Prez Gabriel

Comme le regard de ma mère. Elle avait les yeux bleu, magnifique, elle était douce comme le miel, tendre et aimante comme toute mère qui adore son enfant. J'ai été un enfant de l'amour, né dans un petit village en Transylvanie, je me souviens à peine de notre maison et des décorations qui ornaient les murs. Je sais seulement que j'étais le fils d'un noble de la région, nous avions les moyens de vivre dans une belle maison et nous avions quelques personnes sous notre commandement. Des paysans comme on dirait aujourd’hui. Mais mon père n'a jamais voulu que je les appelle ainsi, il les nommait comme nos gens. Il m'a appris le respect, m’enseignant que seul l'honneur compte et qu'on ne doit jamais le bafouer, car il est tout ce qu'il nous reste quand autour de nous le monde s’effondre. J'ai eu une éducation soutenue, mes parents adoraient la lecture même si cela restait rare et très cher, en effet les livres n'existaient pas et tous les textes se prenaient sur des parchemins où plus rare encore, sur du papyrus. J'ai eu la chance d'être envoyé à Athènes lors de mon adolescence, pour parfaire mon éducation. La littérature et la rhétorique était les matières enseignées dans les écoles Grecque et rapidement, je suis devenu excellent dans des sujets aussi divers que variés. La philosophie également était une de mes prédilections. Je suis revenu chez moi pour faire honneur à mes parents et surtout, pour reprendre leur domaine alors qu'eux même vieillissaient.


Tel le paysage autour de chez moi, de notre maison. C'était magnifique lorsque la saison froide laissait place à une saison chaude, plus douce et plus agréable pour tout le monde. J'adorais les grandes balades dans les villages aux alentours, souvent c'est à cheval que je chevauchais pour des parties de chasse avec quelques amis. Il arrivait souvent que je me sente observé par une jeune femme à la beauté sauvage. Personne ne la connaissait et elle a refusée pendant longtemps de me donner son prénom. Aaliyah. Un prénom étrange que je n'avais jamais entendu nulle part et dont la signification m'était inconnue. Plus tard, bien plus tard j'ai compris qui elle était vraiment. Pourtant la vie a continuée et je me suis marié avec une femme dont j'ai oublié le nom. J'ai eu des enfants, plusieurs, qui eux aussi n'ont plus de nom ni de visage dans mon esprit. J'ai eu une descendance qui c'est perdu dans les limbes de l’histoire.



Cette couleur envahissait le ciel, le soir où j'ai littéralement perdu la vie. J'étais dehors, devant notre maison accompagné de mes parents. Nous venions de terminer de manger simplement et mon père comptait sur moi pour terminer une partie de jeux de société que nous avions commencer le matin même. Il faisait bon ce jour là et j'ai admiré le soleil se coucher, baignant le ciel d'une lueur orange très douce. Du rose se mélangeait aux couleurs déjà présente, c'était superbe comme vue et je m'en suis toujours souvenue. Peut-être parce que ce jour là je me sentais pleinement serein. Puis le soleil c'est couché et j'ai somnolé devant un bon feu de cheminé, lisant un parchemin quelconque. Mon épouse et mes enfants dormaient, mes parents aussi. Nous avions coutume de tous vivre ensemble et c'était logique pour nous de vivre avec mes parents, étant donné l'immensité de leur maison. Puis ils avaient leurs petits enfants avec eux, ils étaient comblés. Pourtant ce soir là, alors que je terminais de lire une phrase en latin, un bruit a attiré mon attention. J'ai à peine eu le temps de trouver une épée que déjà, un homme me sautait à la gorge. Le combat a été rude et il c'est achevé quelques minutes après, lorsque j'ai senti un poignard s'enfoncer douloureusement dans mon dos. Et je suis resté là au sol, baignant dans mon sang pendant que les pillards dévalisaient ma maison. C'est à ce moment là qu'elle est arrivée, qu'elle c'est penchée sur moi et qu'elle a déclenchée en moi une douleur si vive que j'ai été seulement capable de hurler à la mort. L'inconnue du village venait de me transformer.


Comme la couleur du sang, seul et unique liquide de vie que je pouvais avaler maintenant que j'étais transformé. Aaliyah m'a sauvé la vie, moi et pas ceux de ma famille. Et aussi horrible que cela puisse paraître, je n'en avais rien à faire. Lorsque je me suis réveillé dans cette nouvelle vie, je ne voyais qu'elle ma créatrice qui est devenue rapidement mon amante. Nous nous aimions, à notre manière, avec nos mots et nos gestes, notre façon de communiquer et d'agir. Elle était mon univers, ce que j'avais de plus pur et de plus beau en moi. Je n'avais plus d’intérêt envers mon épouse et mes enfants, si bien que dés que je me suis réveillé j'ai quitté ma terre natale pour arpenter le monde avec ma créatrice. Elle m'a tout montrée, m'a tout fait vivre. Les passions les plus violentes et les joies les plus intenses. Elle m'a façonnée à son image, j'étais sa marionnette, capable des pires jalousies et de l'amour le plus pur lorsqu’elle était là. Je l'aimais comme un fou et elle me le rendait bien.


Tel la tenue de ces hommes qui, un soir, nous on surpris, Aaliyah et moi. Nous venions de nous installer dans une ville Allemande dont j'ai oublié le nom, lorsque nous avons été surpris par plusieurs hommes en noir. Des sorciers apparemment, rivaux de ce que nous étions, ils voulaient nous détruire dans l'espoir d’exterminer les vampires. Ma créatrice m'a ordonnée de fuir et, je ne pouvais pas lui refuser. De par notre lien créateur-créature, elle avait un pouvoir incroyable sur moi et j'ai été obligé de m'enfuir dans la ville, la laissant en pleine nuit aux mains de ces hommes qui l'ont massacrés sous mes yeux. Je l'ai vue mourir, son dernier souffle, un dernier regard et elle redevenait poussière. J'avais déjà mille ans et c'est ce soir là que je suis devenu un monstre à la salle réputation. J'ai commencé par exterminer des villages entiers, juste pour attirer ces vengeurs masqués vers moi et pour leur faire payer comme il se devait. J'ai tué, massacré, joué avec des humains par pur esprit de vengeance. C'est à ce moment là que je me suis attiré une réputation de tueur sanguinaire, de monstre alors que pendant mille ans, je n'ai pas fait parler de moi. Nous étions, ma créatrice et moi même, plutôt pacifiste contrairement à nos semblables. Mais sa mort a déclenché en moi une violence sans fin. Partout où j'allais, je laissais des cadavres dont souvent je ne regardais même pas le visage. Puis alors que j'approchais des deux milles ans, je me suis calmé. Fatigué par ma vie, ma destinée et surtout par tout ce que j'avais vécu.


Ce n'est pas une couleur et pourtant c'est cette nuance qui semble m'aller le mieux. Je ne redeviendrais jamais pur comme au jour de ma naissance mais j'essaye de racheter mes fautes, de pardonner pour le meurtre de ma créatrice. Les années, les décennies ont passées et les assassins d'Aaliyah sont mort depuis longtemps, par mes soins évidemment. J'ai fini par retrouver tout ce beau monde et apprendre qu'ils n'étaient rien d'autres que des sorciers. J'ai accepté de rejoindre quelques groupes de vampires, de parler avec eux et avec le temps, de devenir un médiateur. Mon age et mon expérience ont fait de moi quelqu'un d'assez important dans la communauté vampirique, même si je n'ai jamais voulu ce rôle. Certain me voient comme un sage et un guide, d'autres comme un idiot qui se donne un rôle qu'il n'a pas. J'essaye simplement de calmer ce conflit qui sépare nos deux clans, lassé par les combats qui ne cessent pas depuis des années maintenant. J'ai fait mon deuil, j'ai essayé du moins mais je n'ai jamais trouvé la force de me jeter sous les flammes du soleil. Lâcheté où peur, je ne sais pas. J'ai trois milles ans maintenant et je suis fatigué, je recherche encore l'étincelle de vie qui me donnera envie d'avancer. Heureusement j'ai trouvé une consolation dans ce monde, les technologies, les avancées, le progrès est fascinant pour moi quand je repense à mon village natal et à notre vie rudimentaire. J'ai tout vu, tout connu, tout admiré. Tel un spectateur qui ne peut pas intervenir dans le film de l'histoire, au risque de la changer. J'ai rencontré les grands hommes et les grandes femmes qui ont façonnés l'histoire, j'ai également eu la chance de rencontrer cet homme, ce roi des Juifs, celui qu'on appelle de Christ à présent. Je l'ai connu, je l'ai suivis dans chacun de ses déplacements. Ma créatrice était là elle aussi et elle m'a attendu afin que je fasse mon expérience. La rencontre avec cet homme que certain appellent comme le Messie, m'a permis de me forger une opinion sur les religion et surtout, d'adopter son idéologie. Et puis lui aussi a disparu, devenant un symbole alors que je retrouvais les bras de ma créatrice pour achever notre périple à travers le monde. Enfin, je suis de retour à Ravensburg, cette ville que j'ai vu lors de sa création et qui c'est développée, avec le temps. Voila dix ans que je suis ici, à errer en attendant cette flamme de vie, celle qui me donnera envie d'avancer encore. Mais viendra-t-elle un jour ?